Découvrez ci-dessous notre dernier article de notre série dédiée aux Achats de demain. À la suite du témoignage sur notre chaine de podcasts d’Elodie, consultante Achats au sein d’Albert&Co, nous effectuons un zoom sur la RSE, ses enjeux financiers et les normes ISO. Bonne lecture !

RSE : définition et application aux achats

La RSE est la Responsabilité Sociale (ou Sociétale) des Entreprises. La commission européenne la définit comme l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes.

En d’autres termes, au travers de la RSE, une entreprise recherche à avoir un impact positif sur la société sans remettre en cause sa rentabilité.

La Norme ISO 26000, standard international, définit le périmètre de la RSE autour de 7 thématiques centrales :

  1. La gouvernance de l’organisation
  2. Les droits de l’homme
  3. Les relations et conditions de travail
  4. L’environnement
  5. La loyauté des pratiques
  6. Les questions relatives aux consommateurs
  7. Les communautés et le développement local.

La RSE dans les achats, ou les achats responsables, consiste à revisiter ses besoins, intégrer des critères environnementaux et sociaux, ou encore une logique de cycle de vie et de coût global dans son processus achats.

La norme ISO 20400 et les scopes d’émission

La norme ISO 20400 a permis de décliner la RSE dans la fonction Achats. Elle précise que les achats responsables sont des achats dont les impacts environnementaux, sociaux et économiques sont les plus positifs possibles sur toute la durée du cycle de vie. Les achats responsables ajoutent donc le ternaire « environnement-éthique-économie » au triptyque « cout-délais-qualité ».

Dernièrement, l’on entend aussi beaucoup parler des scopes 1, 2 et 3 qui segmentent les émissions des gaz à effet de serre d’une entreprise. Les achats ont leur rôle à jouer sur les 3 scopes, mais surtout sur le scope 3.

  • Le scope 1 désigne toutes les émissions directes de gaz à effet de serre émises par l’entreprise : le chauffage dans les locaux, les émissions des véhicules détenus par l’entreprise, etc.
  • Le scope 2 regroupe les émissions indirectes et liées à l’énergie : ce sont les émissions créées lors du processus de production d’un produit. Cela représente votre empreinte carbone énergétique.
  • Le scope 3 désigne toutes les émissions indirectes de l’entreprise. En général, on retrouve la majorité des émissions produites par l’entreprise dans ce scope : achat de marchandises, de services, etc.

En quoi est-ce un enjeu important pour les achats aujourd’hui ?

D’après une étude PWC/Ecovadis, une politique RSE dans les achats peut permettre une réduction des coûts de 0,05% du CA.

De plus, les achats responsables constituent désormais un levier de performance et un enjeu majeur pour les organisations, et cela via 5 facteurs clés :

  • La conformité à la loi : à l’échelle française et européenne la réglementation s’accélère pour pousser les acheteurs à se saisir des enjeux de développement durable. On peut citer la loi sur le devoir de vigilance, la loi Sapin 2, la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire), la loi climat et résilience… ;
  • Le respect des standards internationaux (normes) : ISO 26000, ISO 20400, les objectifs de Développement Durable adoptés en 2015 par l’ONU, le Pacte Mondial des Nations Unies lancé en 2000, etc. ;
  • La dénonciation des mauvaises pratiques par les ONG ;
  • La réassurance des parties prenantes en montrant l’intérêt, la détermination et les actions visant à sécuriser les achats de l’entreprise et améliorer l’image de marque de l’entreprise ;
  • Les achats responsables sont souvent vecteurs d’opportunités, dans le sens où ils permettent de revoir la chaine d’approvisionnement, la rendre plus transparente (vecteur de dialogue et de qualité avec nos fournisseurs), de réviser ses pratiques pour les optimiser, les améliorer, réduire sa consommation d’énergie ou de ressources, de changer certains matériaux, d’atténuer ou absorber l’inflation via l’analyse du cycle de vie, que les achats soient facteurs de changement…
    Ils sont aussi source de nouveaux business avec l’ouverture de certains marchés via les appels d’offres ou les marchés publics qui ont inscrit des critères RSE dans leurs prérequis. Il est à noter que les clients sont aussi de plus en plus regardants sur la mise en œuvre d’une politique RSE chez leurs fournisseurs.

Comment prendre en compte les critères environnementaux et sociaux dans les décisions d’achats ?

En ajustant ses stratégies de sourcing, de sélection et d’évaluation des fournisseurs :

  • En favorisant les fournisseurs utilisant les normes 14000, 26000, 20400…
  • En se référant à des organismes de certification officiels
  • En privilégiant les fournisseurs ayant recours à des Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE)

Dans le choix des produits des Achats directs ou indirects :

  • En inscrivant au cahier des charges la nécessité d’afficher des écolabels officiels
  • En achetant des produits dont la composition/production respecte les réglementations environnementales (REACH, FSC…)
  • En incluant des comparaisons de solutions sous un angle environnemental (a été fait par le groupe Carrefour sur leurs solutions de sacs de caisse par exemple)

En travaillant en amont lors du développement des projets, sur la composition des produits (cycle de vie du produit), écoconception…

En modifiant ses objectifs achats classiques (couts/délais/qualité) en objectifs achats durables (qualité/TCO/délai/RSE).

En se lançant dans une démarche suivant la norme FD X50-135 sur les achats durables (achats verts/achats solidaires/achats éthiques/achats équitables).

Comment travailler avec ses fournisseurs pour encourager la durabilité et la responsabilité sociale tout au long de la chaîne d’approvisionnement ?

Dans un premier temps, il faut faire un état des lieux des pratiques, identifier les impacts et hiérarchiser les enjeux : les auditer pour mieux les connaitre sous le spectre de la RSE.

Il est important d’adopter une approche en cycle de vie chez les fournisseurs, depuis l’approvisionnement de leurs matières premières, jusqu’à la fin de vie de leurs produits ou prestations.

Il est ensuite nécessaire de mettre en place un dialogue avec les fournisseurs, afin que ce soit une démarche partagée, motivée (mise en place de bonus ou gains partagés grâce à la mise en place de la démarche). La transparence est un levier important.

Il est important de pouvoir évaluer les fournisseurs et leur démarche RSE. Si la note n’est pas suffisamment élevée, l’entreprise doit être en mesure de leur proposer de travailler sur des axes d’évolution.

Comment mesurer l’impact de vos achats sur l’environnement et la société ?

Cet impact est mesurable en se servant de la data ! Certaines entreprises spécialisées permettent, via la collecte et l’analyse des données, aux directions Achats de piloter la démarche RSE, et d’avoir la connaissance de l’impact de chaque élément de la chaine d’approvisionnement ou de la composition d’un produit : émission de CO2, handicap, entreprises issues de minorités ou inclusives, indice plastique, gâchis alimentaire, gestion/réduction des déchets, gestion/diminution des ressources utilisées…

Enfin, il est primordial de créer des indicateurs pour suivre la progression de la stratégie.

Cet article a été réalisé grâce au travail d’Elodie et son podcast dédié, merci pour ce retour d’expérience !